Airbnb: quel impact sur le Mile End?
Combien y a-t-il de logements loués à court terme dans le Mile End et le sont-ils de façon légale?
Véritable fléau pour certains, une bonne affaire pour d’autres… La plateforme de location de logements Airbnb ne laisse personne indifférent.
Le principe de base est pourtant génial: si vous quittez votre logement pour un court séjour vous pouvez facilement le louer pendant votre absence.
Mais, en réalité, la création de résidences de tourisme est devenue un véritable modèle d’affaires pour certains propriétaires qui, par le fait même, retirent leur.s logement.s du marché locatif à long terme. Avec des appartements qui se louent entre 200 et 300 dollars par nuit dans le quartier, cette pratique permet facilement de doubler l’argent perçu mensuellement.
Toutefois, cette façon de faire ne fait qu’aggraver la crise du logement qui frappe de plein fouet le Mile End. De plus, la location de courte durée cause souvent bien des maux de tête aux voisins avec des bruits de fêtes qui se prolongent jusqu’au matin et l’accumulation de déchets aux alentours des logements.
La location à court terme dans le Mile End: légal ou illégal?
Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord établir la différence entre deux types de location à court terme.
Il y a ceux qui louent leur logement de façon sporadique, lors de voyages à l’extérieur de la ville par exemple. Cette pratique est autorisée dans tout l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.
Les restrictions visent plutôt ceux qui font de la location à court terme (moins de 31 jours) de façon régulière. Pour louer à longueur d’année en toute légalité, il faut s’assurer de respecter deux éléments:
Dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, la résidence de tourisme doit être située sur le boulevard Saint-Laurent (entre la rue Sherbrooke et l’avenue du Mont-Royal) ou sur la rue Saint-Denis (entre la rue Sherbrooke Est et la rue Gilford). Notons qu’il existe des cas de « droits acquis » qui permettent à des gens de louer leur logement à court terme même si celui-ci est situé en dehors des zones permises.
Partout au Québec, il faut obligatoirement obtenir une attestation de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ). Le numéro d’établissement ainsi obtenu doit être indiqué dans toute annonce ou publicité servant à la promotion de la location.
Par contre, ces règlements ne sont pas respectés par de nombreux “hôtes” qui offrent une résidence de tourisme dans le Mile End.
Combien de logements sont loués à court terme dans le Mile End?
Une recherche effectuée sur la plateforme Airbnb a permis de lister 141 logements entiers disponibles pour une location à court terme dans le Mile End. Notons que ce chiffre reste approximatif puisque nous n’avons pas accès à la localisation exacte de chaque logement et que seules les annonces mises en ligne sur Airbnb sont comptabilisées.
Par contre, de ce nombre, seulement 68 annonces de logement (illustrées ci-dessus en bleu foncé) affichent un numéro d’établissement dans la description, comme l’exige la loi.
Cela veut dire qu’au moins 73 résidences touristiques semblent opérer illégalement dans le quartier.
De plus, la plupart des résidences listées se trouvent à l’extérieur des secteurs autorisés pour la location à court terme, soit le boulevard Saint-Laurent et la rue Saint-Denis.
L’impact des résidences de tourisme sur le marché locatif
Il est difficile de savoir exactement combien de logements ont été retirés du marché locatif à long terme dans le Mile End au profit de la location à court terme.
Toutefois, en se basant sur les données de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), on remarque une baisse du nombre d’appartements à louer dans Le Plateau-Mont-Royal en 2021, une baisse qui coïncide avec la reprise du tourisme.
“À cette époque [en 2020], faute de touristes, plusieurs copropriétés utilisées à des fins de location à court terme avaient probablement fait le saut vers la location à long terme,” suggère le Rapport sur le marché locatif de la SCHL.
Quelles sont les solutions?
L'arrondissement du Plateau-Mont-Royal n’a pas de mesures de surveillance pour s'assurer que le règlement actuel est appliqué. Cette tâche incombe plutôt à Revenu Québec qui dispose de pouvoirs d’inspection et d’enquête dans le domaine de l’hébergement de courte durée.
Le nombre d’inspections a augmenté, passant de 4535 inspections en 2019-2020 à 5629 l’année suivante, mais il existe toujours de nombreux contrevenants. C’est pourquoi l’arrondissement et Revenu Québec misent grandement sur un programme de dénonciation de la part des citoyen.ne.s.
Il est possible de signaler de façon anonyme une résidence de tourisme jugée illégale directement auprès de Revenu Québec soit par téléphone, au 1 855 208-1131, soit en remplissant ce formulaire.
Mais encore faut-il vouloir faire de la délation…
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